jeudi 12 mars 2009

Le Canadien de Montréal, Yes Sir!

Le débat sur la langue parlé dans le vestiaire et devant les micros n'attendait que le prochain congédiement de l'entraîneur pour refaire surface. D'ailleurs, au cours des prochaines semaines, nous aurons tous amplement l'occasion de faire le tour, le tour complet, le Grand Tour du Canadien de Montréal. Nous serons tous les psys de circonstances, les thérapeutes du moment, les intervenants sociaux de la Cause qu'est le Canadien.

C'est ainsi.

***

La langue française, en territoire américain (de continent), en pays officiellement bilingue (c'est ce que l'on nous affirme depuis si longtemps, qu'il faudrait bien faire un petit effort et y croire un peu...), en province bleue... (oups!) -blanc-rouge, donne un caractère unique à nos équipes professionnelles.

Mais avec le Canadien, c'est autre chose; c'est plus, beaucoup plus que le simple fait d'une langue parlée. Il ne s'agit pas ici de ceinture fléchée, ni de sirop d'érable, pas plus que d'un discours caché pour renvoyer à la cause souveraine, ou à une lutte franco-anglo. Non, il ne s'agit... que de hockey. Pardon, de Hockey, messieurs, dames!

Le Canadien a cette rare particularité dans le monde du sport professionnel, d'avoir été et d'être encore le porte-étendard de l'identité des francophones québécois (je spécifie), au cours des 60 dernières années. Elle fut le fait des francophones bien avant, me direz-vous, mais avant les années 50, le phénomène n'avait pas encore pris son ampleur, ou dit autrement, avait une autre ampleur. S'il est vrai que ce phénomène a pris une autre couleur, il n'en demeure pas moins présent, et les événements à venir au cours des prochaines semaines démontreront plus d'une fois qu'il demeure vital au sens que l'on donne à Notre Équipe.

Le Canadien EST une identité culturelle. À l'extrême, je dirais qu'il a probablement été un symbole de notre affranchissement religieux et économique. Entre la culture et la religion, le Canadien a été un porte-voix social de notre émancipation. Les francophones qui en ont fait partie nous ont renvoyé jusqu'à un certain point une image de nous-mêmes, de notre chemin parcouru socialement. Le Canadien est - qu'il le veuille ou non - la représentation sportive de la communauté francophone au Québec, au Canada. Qu'on le veuille ou non. Qu'en serait-il de la raison d'être de RDS et du Journal de Montréal, sans le Canadien. Qu'en serait-il de la passion sportive des francophones qui composent le plus grand auditoire radio, le plus grand bassin de partisans télévisuel au prorata, le plus grand lecteur sportif (je ne parle pas de Grandeur, mais de quantité de lecteur au prorata de la population), sans le Canadien.

Que le Canadien appartiennent à un américain, malheureusement, soit. Mais c'est un choix de société que nous n'avons pas fait. Nous avons passé au prochain appel et un américain a répondu. Tant pis pour nous. Je crois que l'on peut affirmer sans trop se tromper que celui-ci a eu le mérite de respecter ce fait français. Mais quand à la langue, que M. Gillett ne parle qu'anglais, curieusement, ne me dérange pas du tout.

Mais sur le plancher des vaches, pardon, sur le plancher des amateurs, l'équipe est et doit demeurer francophone. Autant qu'elle doit être anglophone. C'est-à-dire qu'elle doit être apte à communiquer autant dans la langue de Perron, que dans la langue de Gillett. Dans sa capacité à communiquer avec la population dans le quotidien de la poutine du Boy's Club, elle doit en tout temps démontrer sa volonté de demeurer Notre Équipe, Notre Identité, Notre Symbole, Notre Langue. Ce n'est pas un truc de ceinture fléchée ou de sirop d'érable. C'est de hockey qu'il s'agit. Pardon, de Hockey!

Et ça passe purement et simplement par l'entraîneur, le capitaine, le directeur général et le président du Boy's Club.Le Président, ehh bien, c'est le Président. Le Directeur Général, ça le dit: Général. Mais alors, l'entraîneur est le poul quotidien de l'équipe. C'est celui qui nous donne l'état d'âme général de l'équipe. Tout le monde sait à quel point un poul anglais et un poul français, ce n'est pas pareil. Right ? Le capitaine est un symbole, le porte-parole que les Dieux du Temple nous offre et notre lien le plus direct avec les joueurs, nos (faussement interpellés comme tels:) idoles.

Simple comme une bannière de la Coupe Stanley au plafond du Centre Bell.

Parlant de Coupe Stanley, trouvez-moi donc une Coupe Stanley gagné par le Canadien qui n'ait pas eu, dans les 50 dernières années, plusieurs joueurs francophones d'importances dans l'équipe. Question posé d'un autre angle: S'il fallait au cours des prochaines années (rêvons...), que la Coupe Stanley soit gagné par le Canadien, sans un entraîneur francophone, sans un capitaine et/ou des joueurs d'importances francophones, quelle saveur aurait pour vous, pour nous tous, cette Coupe ?

Partout ailleurs, une telle question que la langue de travail, que la langue de représentation n'aurait aucun sens. Ici, peut-être un peu... Un peu beaucoup.

Partout ailleurs, la langue parlée est véhiculaire. Par ici, elle est vernaculaire. C'est toute la différence.

En passant, une curiosité: Si nous demandions aux anglophones du Québec, fans du Canadien, quels ont été leurs joueurs marquant, au cours des 50 dernières années, leur liste du Top 10 resemblerait-t'elle à la nôtre ? Y retrouverions-nous Lafleur, Robinson, Richard, Dryden, Béliveau, Moore, Plante et Roy ?

Une p'tite Molson avec ça ?

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