mardi 10 mars 2009

Lettre à la Grande Famille Canadien de Montréal

14 janvier 2006.

Et le curé Boivin dit alors: "Bob Gainey, acceptez-vous de prendre pour coach, Guy Carbonneau, pour le meilleur et pour le pire, dans les bons jours comme les moins bons ?"

Après avoir prononcé ces mots à Guy Carbonneau, les deux hommes prononcèrent alors leur serment d'union et de fraternité devant la pléiade de journalistes.

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Janvier 2009.

Question d'un journaliste-prophète: "Bob, quel est votre meilleur coup depuis votre arrivée à la barre du Canadien de Montréal ?"

Réponse de Saint-Bob: "Guy Carbonneau"

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Mars 2009.

Bob Gainey revient sur Terre... et congédie "son meilleur coup".

Deviens-je prophète si j'affirme avec une sereine certitude que celle-là, elle va lui rester collée à la peau bien longtemps ?

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Suis-je surpris ? Oui... et non.

Vu du haut des estrades... Lorsque nous regardons l'année 2008-2009 (l'année du Centenaire...................... ulcère d'estomac), réussissons-nous à trouver un moment de l'année pendant lequel, le Canadien de Guy Carbonneau a trouvé sa vitesse de croisière. Pouvons-nous affirmer que le Canadien a maintenu une certaine stabilité depuis octobre 2008 ?

Il me semble que non, en aucun moment. L'année du Canadien a été comme la Bourse. La Bourse du Centenaire......................... ulcère d'estomac.

Tout d'abord, penchons-nous sur le dossier de M. Carbonneau, docteur. Comment va-t'il ? Va-t'il s'en sortir ? Va-t'il souffrir longtemps de ce geste indécent ? Ça va aller... il aura le blues de la Sainte-Flanelle pendant un moment, mais qui ne l'aurait pas ?

Guy Carbonneau a ses fautes, ses pêchés que même Saint-Bob n'a su pardonner. Le même commentaire a tourné longtemps autour de l'équipe depuis deux ans, quant au fait que l'entraîneur communiquait mal (je dirais "mal", plutôt que "pas") avec ses joueurs. Au cours de la dernière année, nous avons eu l'occasion à quelques reprises d'en juger. Il n'y a qu'à comparer les commentaires de Guillaume Latendresse à ceux de son entraîneur; ceux de George Laraque et ceux de son entraîneur. Il n'y a qu'à constater la quantité de fois que nous avons vu le jeu brouillon et désorganisé des joueurs sur la glace. Avaient-ils soudainement désappris ? Que non, mais le message donnait l'impression de passer de travers. Il n'y a enfin qu'à constater le nombre de commentaires - frustrés, et avec raison - d'après-match de Guy Carbonneau pour constater à quel point ce que Guy Carbonneau exigeait ne semblait pas correspondre à ce que ses joueurs offraient.

Si ce n'était que ça...

Mais non. L'autre problème de Guy, et probablement celui qui l'a coulé au final, c'est la gestion sur la glace. Innombrables changement de trios, placement de joueurs dans des situations contraires à la logique de leur présence.

Tout ceux qui jouent non seulement au hockey mais dans quelques sports d'équipe que ce soit, affirmeront sans hésiter à quel point il est important d'avoir un minimum de stabilité entre les joueurs qui sont sur le terrain en même temps. Le cliché de la "chimie" est vrai; pour plusieurs raisons qu'il ne sert de détailler pour le moment. Non que Guy Carbonneau ait eu tort de faire des changements; mais exagéré d'en avoir fait autant, aussi fréquemment. Instabilité constante.

Vous rappelez-vous de la soirée des 8 défenseurs ? Vous rappelez-vous de la présence de Métropolit à 5 contre 3 ? Vous rappelez-vous du nombre de fois que nous avons vu Lapierre en avantage numérique sur une première vague ? Vous rappelez-vous du nombre de fois que Guy Carbonneau aurait pu utiliser un arrêt du temps pour tenter de changer le momentum d'un match ? Vous rappelez-vous combien Guy Carbonneau a été injuste envers l'utilisation de Guillaume Latendresse et particulièrement laxiste envers Sergei Kostitsyn ? Vous rappelez-vous combien de fois nous aurions aimé voir Bégin secouer l'équipe de sa présence depuis la glace et non depuis la galerie de presse ? Vous rappelez-vous combien nous avons vu à quel point Kovalev étouffait Kostitsyn, celui qui travaille, pas l'autre, avant que Guy Carbonneau se décide à les muter ailleurs ? Dois-je continuer ?

Est-ce à dire que Guy Carbonneau est le seul responsable de son malheur ? Ohh non! ... mais il ne s'est pas aidé. Et à cet égard, on peut dire que ses assistants ne l'ont pas aidé non plus.

Parlant d'assistants, vous apparaît-il normal que le Canadien de Montréal ait pour assistant-coach responsable des défenseurs, un ancien centre qui a pour principal mérite de détenir le record de la ligue pour le plus grand nombre de parties de saison régulière disputées d'affilées. Bravo Doug, mais maintenant, demandons à Andrei Markov, ce qu'il en pense ?

Bloggeur: "Andrei Markov, jouez-vous mieux en sachant que votre entraineur des défenseurs est un centre qui détient ce record ?"

Andrei Markov: "Autre question..."

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Et maintenant, pour Guy Carbonneau ? Si la tendance se maintient, Guy Carbonneau va prendre un petit temps de repos, être engagé par une autre équipe de la LNH et devenir un des meilleurs entraîneurs de la ligue... ailleurs.

Messieurs du Canadien, il est où le problème ?

Guy Carbonneau a ses torts et ses erreurs, mais il a joué avec les problèmes personnels que les joueurs transportaient avec eux; il a joué avec l'immobilisme transactionnelle de la direction. Il a joué avec le je-m'en-foutisme de quelques joueurs. Il a joué un gardien de but imposé; il a joué avec un capitaine-qui-ne-devrait-pas-être-capitaine; il a joué avec une mentalité de player's coach; il a joué dans une ligue où tout allait parfois trop vite pour lui sur la glace.

Il a joué... et il a perdu.

Mais je ne m'en fait pas outre mesure pour Guy Carbonneau. Il ira prendre des vacances à Dallas, pour aller voir ses filles, saura rester occupé avec ses Saguenéens et attendra un coup de fil éventuel pour faire un retour pas si surprenant dans la LNH. À Dallas ?

Bonne vie, Guy!

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M. Gainey...

Permettez-nous de nous amusez de votre décision un instant, M. Gainey: en congédiant Guy Carbonneau, est-il juste de dire que vous désavouez votre commentaire d'il y a deux mois ?

Permettez-nous de vous posez la même question posée en janvier 2009: Quel est votre meilleur coup, depuis votre arrivée à la barre du Canadien de Montréal, M. Gainey ?

Nous permettriez-vous une autre question, M. Gainey ? Quel est le pire geste que vous n'aiyez pas commis, dans le dernier mois, M. Gainey ? Perpendiculairement, quel est votre responsabilité dans cette histoire récente ?

M. Gainey, si nous pouvons apprécier à juste titre (attention, cliché:) votre calme légendaire, permettez-nous une toute petite critique (petite car après tout, n'avez-vous pas votre suaire accroché au plafond du Temple...) quant à votre gestion. Car après tout, il en revient à votre gestion des ressources humaines, non ?

Dites-moi, M. Gainey, pourrions-nous rediscuter du choix des assistants-coach ? M. Markov apprécierait sans nul doute. Avant d'aller plus loin, accepteriez-vous une petite tisane à la camomille ?

M. Gainey, ne pensez-vos pas que la situation des joueurs autonomes et sans compensation ait pu porter préjudice à votre feu entraîneur, Guy Carbonneau ? C'est vrai, je vous l'accorde, on ne parle après tout que de 11 joueurs. Sur 23, ce n'est pas la mer à boire...

M. Gainey, puisqu'en congédiant Guy Carbonneau, on en revient à votre gestion des ressources humaines, reviendrez-vous sur votre décision dans le cas de Mark Streit ? Après tout, je ne sais pas si vous êtes d'accord avec moi, mais Mathieu Schneider, ça fait cher du coup de patin, pour un joueur qui somme toute est venu remplacer - à fort prix - un joueur trouvé par le Canadien, formé par le Canadien, à faible prix, qui moyennant un peu de respect de votre part ainsi que de la part de Guy Carbonneau, aurait accepté de rester avec le Canadien, à un prix des plus raisonnables. En passant, M. Gainey, accepteriez-vous de regarder avec moi les stats actuelles de Mark Streit ? Pas mal, non ?

M. Gainey, puisqu'il en revient à votre gestion des ressources humaines - ne vous inquiétez pas, je ne retournerai pas jusqu'à Mike Ribeiro -, pouvons-nous parler de Christobal Huet ? À partir d'ici, faites un copier-coller du paragraphe précédent relatif à Mark Streit. Et terminons par un petit coup d'oeil sur les stats actuelles de Cristo... Désirez-vous un refill de votre tisane ?

Puisqu'il est question de votre gestion des ressources humaines, M. Gainey, permettez-moi de terminer avec ceci pour aujourd'hui: le conflit latent qui a régné depuis le début de la saison. À cet égard, je ferai un malheureux parallèle entre un de vos commentaires lors de la crise des jeunes du club, il y a quelques semaine et un commentaire de Guy Carbonneau plus tôt dans l'année. Ce genre de commentaires que l'on ne devrait pas entendre de la part des gens en place. Au commentaire de Guy Carbonneau qui disait un moment donné (permettez-moi de paraphraser ce moment de désespoir), "ne plus savoir quoi faire, ne pas avoir de solution" au problème récents, vous M. Gainey, avez fait un commentaire qui m'apparaît identique dans le genre. Lors de la crise des jeunots, d'il y a quelques semaines, vous avez humblement admis (paraphrase, acte 2) être de génération différente de celles des jeunes en place, au sein de l'équipe. Commentaire fort louable, au demeurant. Là où ce l'est moins, c'est lorsque vous affirmez ne peut-être pas avoir compris cette génération et en ce sens, ne pas avoir su prévoir ou répondre à la situation. Je paraphrase, mais ça tournait autour de cela, ne diriez-vous pas ? Mais voilà, ce commentaire, cette incapacité à gérer ces jeunes de votre part, me place dans la même situation que celle de Guy Carbonneau par rapport à son groupe de joueurs.

Si vous n'avez pas de solutions, si vous ne comprenez pas vos joueurs, que faites-vous là ?

Voyez-vous M. Gaine, le but de cet exercice n'est pas de vous mettre sur l'autel accompagné de Guy Carbonneau et de vous flageller jusqu'au sang. Le but est de mettre en exergue le fait que l'échec de Guy Carbonneau en tant qu'entraîneur du Canadien de Montréal est votre échec en tant que directeur général du Canadien de Montréal. La situation des hommes en place, est votre responsabilité en tant que haut dirigeant au quotidien de ces hommes.

***

C'est ainsi que le congédiement du Guy Carbonneau par votre votre personne bien-aimée créée une image symnbolique: une épée de Damoclès qui trône subtilement au-dessus de votre tête, M. Gainey.

Si l'équipe se met à jouer comme par miracle, nous saurons à quoi nous en tenir de cette bande d'individus sans coeur. Nous saurons aussi que devant le directeur général - avec qui leur agent négocie, oups! - ils n'auront plus d'autre choix que de jouer, que les stratégies aient ou pas du sens. Comme quoi, quand on voudra, on pourra.

Si les séries vous glissent entre les mains, vous n'aurez que vous à blâmer pour la gestion des joueurs au final, mais aussi parce-que nous profiterons du printemps sur les terrains de golf encore humides, pour analyser vos transactions des dernières années, votre choix entêté de ne pas négocier pendant la saison, votre gestion des joyaux de votre couronne (Price, les K., Kovalev compris, Koivu, etc..). Bref, le printemps sera bien plus chaud que voudra bien nous le laisser croire Météomédia, M. Gainey, ne diriez-vous pas ?

Au final, permettez-moi de vous informer que nous reviendrons éventuellement sur la francophonie au sein de la seule équipe professionnelle qui puisse revendiquer ce fait, mais qui n'en fait rien pour autant.

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M. Gainey, me permettez-vous d'adresser un commentaire à vos joueurs chéris, ceux que nous appelons à tort, nos idoles, ceux qui sont considérés à tort comme des modèles ?

Juste un commentaire.

Les gars, honte à vous.

23 joueurs qui jouent comme 23 individus, plutôt que 23 joueurs qui jouent comme une équipe.
Plusieurs d'entre vous n'ont rien compris à cette notion de Centenaire. 100 ANS!
Certains d'entre vous n'en ont que pour leur rendement, leur salaire.
Plusieurs oublient de regarder le plafond du Temple, LEUR Temple, NOTRE Temple, pour savoir ce qu'est le Canadien. Réellement.
Beaucoup d'entre vous ont démontré le manque de mémoire collective, à l'égard des fans.
Beaucoup d'entre vous ont souhaité le départ de Guy Carbonneau. Vous avez réussi.
Plusieurs d'entre vous, parmi les plus talentueux, n'ont joué qu'un match sur deux.
D'autres n'ont joué qu'un match sur quatre.
Il y en a un parmi vous qui devrait être chaleureusement remercié pour tout ses services, commémoré pour tout ses sacrifices accomplis à travers ses blessures et maladies, puis remercié en l'invitant à prendre sa place dans un autre chandail ne portant pas le "C". Il a tant fait, il en a maintenant fait assez.

Plusieurs d'entre vous avez oublié. Oublié ce que ça vos a pris pour vous rendre là. Oublié que des centaines de milliers de
jeunes et moins jeunes voudraient faire pour être à votre place. Oublié les efforts de vos proches, de vos parents et amis. Oublié que vous avez une responsabilité comme peu d'autres ont. Celle de faire vibrer vos fans, vos supporteurs, vos inconditionnels. Oublié, que seul le talent seul ne vous amènera nul part. Oublié, le travail. Oubliée, la passion.

Vous nous avez oublié, et si nous ne sommes pas là, vous n'y serez pas non plus.

Les gars, honte à vous.

***

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